Les pèlerins qui ont eu la chance et la joie de visiter Ramallah récemment ont peut-être rencontré Firas Abedrabbo en visitant la paroisse latine. Sa parfaite maîtrise de la langue française (Firas a étudié deux ans le droit public à Toulouse) en faisait un interlocuteur privilégié. Il vient d’être ordonné diacre pour le Patriarcat latin.
Firas a accordé un entretien au site du Patriarcat latin de Jérusalem, dont voici quelques extraits :
Qu’est-ce que pour toi la vocation ?
Pour moi, la vocation est un appel à l’aventure et à la conversion. Une manifestation concrète de la Miséricorde de Dieu dans ma vie d’homme faible et fragile. Un appel intérieur et constant à la sortie de soi pour apprendre à aimer en vérité. La vocation a bouleversé ma vie. Dieu, qui est celui qui appelle, m’a fait marcher par des sentiers que je n’aurais jamais pu imaginer ou même spontanément vouloir choisir. J’ai l’impression que cette tension insinuée dans ma vie par cet appel du Seigneur, sert de moteur pour me pousser à avancer, malgré mon tempérament qui a tendance à rechercher davantage l’égoïste tranquillité. Elle m’aide, en tout cas, à comprendre concrètement le sens profond de cette phrase de Jésus, humainement incompréhensible : « celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la Bonne Nouvelle la sauvera » (Marc 8:35). On peut d’ailleurs dire la même chose de l’appel à vivre le mariage. L’amour se donne. Il n’y a pas d’autre manière pour dire « j’aime ».
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Comment vois-tu ta future vie de prêtre ? Comment la vivre ?
Concernant ma future vie de prêtre, je vais me baser sur des piliers solides et clairement identifiés : la prière, les études et l’amitié. Je m’appuierai sur ces piliers qui vont véritablement soutenir ma vie, peu importe ce qu’elle sera et où elle en sera.
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Comment choisit-on de devenir prêtre diocésain et non religieux ?
Si j’ai finalement choisi d’être prêtre diocésain au Patriarcat latin et non pas religieux, c’est d’abord par attachement à mon peuple – le peuple palestinien –, à la Terre Sainte et à l’église locale que j’ai envie de servir. Le besoin de me sentir plus libre avec la possibilité de faire des choix personnels et d’en assumer la responsabilité a aussi été un critère très important dans ce choix. C’est un aspect essentiel dans ma construction psychologique et qui fait aujourd’hui part intégrante de ma personnalité.
J’ai une immense estime pour la vie religieuse, et plus particulièrement pour la vie monastique. Un évêque français m’a un jour cité cette phrase tirée des écrits de Saint-François de Sales : « Dieu peut permettre une fausse vocation pour en sauver la vraie ». C’est grâce à cette citation que j’ai compris que l’estime que je porte pour la vie religieuse et monastique, et qui nourrit en moi une vraie spiritualité, va être le dispositif par lequel Dieu va sauver ma vie de prêtre diocésain. Tout cela afin qu’Il m’épargne de tomber et de vivre dans cette mondanité, dans cette superficialité, qui découle des trois tentations majeures d’un prêtre diocésain – l’activisme, le cléricalisme et l’auto-référentialisme – qui pourraient m’isoler de mes « frères » au sens large du terme.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien sur le site du Patriarcat latin de Jérusalem.