Jésus ressuscité se manifeste aux deux disciples d’Emmaüs. Pour commémorer corporellement cet épisode, plus de cinquante personnes ont marché de Jérusalem à Emmaüs-Nicopolis, en passant par Abu Gosh, lundi 2 avril, lundi de Pâques. Un pèlerinage relaté par Vivien Laguette pour le site du Patriarcat latin de Jérusalem.
Au départ du Cénacle à 6h du matin, ce sont plus de 50 personnes, religieux(ses), volontaires, expatriés ou simples amoureux de la Terre Sainte, qui se sont retrouvées pour rééditer la marche de 30 km réalisée par les disciples d’Emmaüs 2000 années plus tôt. Chaque année, cette marche organisée par la communauté des Béatitudes d’Emmaüs-Nicopolis, fédère beaucoup de monde. Cependant, la position du lieu-dit d’Emmaüs anime toujours autant les débats.
L’Evangile selon Saint Luc mentionne deux distances : une de « 160 stades » et l’autre de « 60 stades ». Si l’on se base sur la tradition des Pères de l’Eglise et sur l’heure relativement matinale à laquelle les disciples auraient quitté Jérusalem, c’est bien la première hypothèse – qui correspondrait à la ville de Nicopolis à proximité de l’abbaye de Latroun – qui est la plus probable. La ville située à 60 stades correspondrait, elle, à Abu Gosh, qui est plutôt reconnue par la majorité des pèlerins comme le village duquel Jésus aurait commencé à cheminer avec les disciples. Une troisième hypothèse existe. En effet, les franciscains pensent qu’Emmaüs correspond au village Palestinien de Qubeibeh.
Après une pause pique-nique à Abu Gosh, les disciples d’Emmaüs d’un jour sont arrivés à Nicopolis où plus de 200 personnes se sont réunies en fin d’après-midi pour une messe présidée par Mgr Boulos Marcuzzo, Vicaire Patriarcal à Jérusalem et en Palestine.
Dans son homélie, le Vicaire a rappelé trois états différents du Christ. D’abord, le Christ historique glorieux : le grand évènement de la Résurrection. Ensuite, l’état du Christ total glorieux : le Christ avec l’Eglise et ses croyants. « Nous sommes ressuscités avec le Christ. Un peuple nouveau, des Hommes nouveaux pour un monde nouveau. » Enfin, le Christ cosmique glorieux : « Même le cosmos, le monde, la matière, l’Histoire, absolument tout est renouvelé par la résurrection du Christ. »[1]
« Cette marche n’est pas seulement une tradition pour imiter les disciples, nous confie le Vicaire, elle est aussi là pour vénérer les lieux saints et surtout pour apprécier les nombreux aspects d’un pèlerinage réalisé à pieds. Ainsi, chacun peut se concentrer sur la beauté des détails de la nature que nous ne prenons plus le temps d’observer dans la vie de tous les jours. Faire un pèlerinage à pied, c’est prendre le temps d’observer et d’écouter le monde qui nous entoure – ses paysages, sa faune, sa flore, etc. –, de revenir à l’essentiel. C’est aussi un moyen pour tous de se resituer dans un contexte biblique. »
[1] Ici, le Vicaire s’inspire des réflexions du jésuite Theillard de Chardin et de St Paul. St Paul chez qui l’on retrouve notamment les notions de plérôme (en grec « plénitude ») – qui désigne également le monde céleste, formé par l’ensemble des Éons que le gnostique atteindra à la fin de son aventure terrestre – et de Christ point Oméga de l’univers.
Article extrait du site du Patriarcat latin de Jérusalem.