Le site des écoles du Patriarcat latin de Jérusalem publie le témoignage de Juwana Elias, jeune chrétienne palestinienne originaire de Ramallah, sur son apprentissage de la langue française. Nosu le reproduisons ci-dessous intégralement.
Le français ! Cette langue de Molière !
Mon histoire avec le français !
[Je m’appelle] Juwana ELIAS, j’ai 24 ans, je suis palestinienne originaire de la ville de Ramallah au nord de Jérusalem. J’étais scolarisée à l’école de Saint Joseph à Ramallah pendant toute ma vie scolaire, donc pendant 15 ans. Dans cette école, nous apprenions le français dès l’âge de 6 ans. J’ai toujours eu une relation particulière avec cette langue. Je l’étudiais comme une autre langue ou une autre matière sans savoir à quoi elle me servirait. À l’âge de 13 ans, j’ai passé mon premier DELF A1 et puis jusqu’à l’âge de 16, j’ai passé consécutivement les DELF A2, B1 et B2.
Une petite histoire qui m’a motivée encore plus pour l’apprentissage et l’approfondissement de mes connaissances de cette langue était au moment où j’étais en première (la classe d’onzième en Palestine). Je ne voulais pas passer le DELF B2, mais mon père m’avait poussée et encouragée à le passer même si je ne réussirais pas. Il m’a dit : « Passe – le ! même si tu échoues passe-le quand même ! ». Je me suis donc présentée au DELF, avec des camarades motivées dès le début pour le passer, et ce fut une grande surprise mêlée de joie, quand j’ai appris que j’avais réussi l’examen alors que mes camarades qui avaient choisi cette voie avaient échoué.
L’année suivante, j’ai eu mon baccalauréat (le Bac) en section scientifique sans avoir décidé en amont le domaine dans lequel j’allais me spécialiser à l’université. J’ai réfléchi en même temps à une filière qui me plaisait et à celle qui pourrait me construire un futur lumineux.
Enfin, j’ai décidé de me spécialiser en langue française (et la traduction anglaise comme mineur) malgré ma connaissance modeste dans cette langue mais j’avais quand même les bases en prononciation, en lecture et en grammaire. En entrant à l’université de Birzeit, j’ai passé un examen de niveau (car j’avais des connaissances en français) et j’étais exempté de deux premiers cours. Deux raisons m’ont motivée à cette époque pour apprendre plus le français et travailler très sérieusement ; la première était évidemment que j’ai sauté deux cours de la première année du français, et la deuxième était que j’étais la plus jeune de ma classe.
Durant les 4 ans de ma licence, je me suis dit qu,il fallait travailler sérieusement et sans relâche, et ne pas prendre les choses à la légère comme nous disons ! Donc je devrais travailler assidûment pendant les cours mais aussi en dehors. C’est pour cela que j’ai mis en œuvre un plan capable de m’aider à acquérir plus de connaissances qu’en classe, notamment en été où je n’avais pas de cours de français, car il faut bien pratiquer cette langue pour ne pas l’oublier. Par conséquent, j’ai animé des camps d’été organisés à la fois dans des écoles et à l’institut français de Ramallah où j’étais aussi volontaire. Ceci m’a donné l’opportunité de participer à la journée de la francophonie, de voir des films, participer à des concours, m’investir à la bibliothèque et être présente au marché de noël. De ce fait, j’ai construit un réseau d’amis francophones. Par ailleurs, j’ai donné des cours de soutien durant l’année scolaire dans les écoles de St. Joseph et d’Al-Ahliyyah à Ramallah pendant les 4 ans de ma licence.
Au fur et à mesure de mes 4 ans d’étude, j’ai acquis une grande gamme de compétences linguistiques et pédagogiques tant à l’oral qu’à l’écrit et finalement, ce parcours a été couronné en étant la première de ma promotion. Mais je ne me suis pas arrêtée là. Grâce à une bourse du consulat général de France à Jérusalem, j’ai pu continuer mes études de master en France à l’université de Paris 3 – La Sorbonne Nouvelle. En dépit de l’expatriation, j’ai réussi mon master en Français Langue Etrangère (FLE) et actuellement, je suis chargée de Mission à l’ambassade de Palestine en France.
Je peux dire en conclusion que le français est une langue très subtile qui comporte énormément d’exceptions. Je confirme que l’apprentissage de cette langue au début est difficile mais après quelques efforts, son apprentissage devient passionnant et les résultats sont encourageants. Donc, je vous donne un petit conseil, en tant que didacticienne, lorsque vous apprenez le français par plaisir ou par obligation, pensez toujours à ce que cette langue pourra vous apporter ! Plus vous approfondirez vos connaissances et plus vous découvrirez les beautés et les nuances de la langue française. C’est pour cela, dans un premier temps, il faut travailler régulièrement, et dans un deuxième temps, pratiquer cette langue avec des francophones afin de la maîtriser et percevoir toutes ses richesses, car le français est une langue écrite mais aussi une langue orale bien évidemment. Elle n’est pas seulement une langue, elle est aussi une culture. Donc, il ne faut pas oublier son aspect culturel et se plonger dedans, car il n’y a pas que la Tour Eiffel en France et il n’existe pas que Paris en France ! Comment ? Maîtriser cette langue en voyageant en France ou dans un des 84 pays francophones (comme la Belgique par exemple) recensés en 2018 par l’Organisation Internationale de la francophonie (OIF). II faut se donner toutes les occasions de la pratiquer en communiquant avec des francophones en Palestine afin de pouvoir se débrouiller en étant en immersion, et participer à des activités extra-scolaires développées en dehors de cours.
Alors, vous êtes prêts ?! il faut se lancer dès maintenant dans l’apprentissage du français.
La recette est très simple, elle est dans trois étapes : 1 Apprendre 2 Pratiquer 3 Maîtriser ! Alors à vos marques, prêts, partez !
Ce témoignage est issu du site des écoles du Patriarcat latin de Jérusalem