Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les Etats de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, a répondu aux questions de François Vayne pour le site de l’Ordre Equestre du Saint Sépulcre de Jérusalem, qui oeuvre en faveur de la Terre Sainte.
L’Ordre du Saint Sépulcre agit beaucoup au service de l’éducation à la paix en Terre Sainte, notamment en soutenant les écoles et les universités où les musulmans et chrétiens étudient ensemble, dans une dynamique concrète de dialogue interreligieux. Que représente à vos yeux cette institution pontificale et qu’attendez-vous d’elle pour les années qui viennent ?
L’Ordre du Saint Sépulcre poursuit une belle mission de soutien à la fois concret et spirituel des œuvres de l’Eglise et des catholiques présents en Terre Sainte. A travers l’action que ses membres accomplissent depuis bien longtemps, cette institution pontificale contribue à manifester la sollicitude de l’Eglise à l’égard des fidèles en Terre Sainte. Dans le contexte actuel, nous savons tous combien le dialogue interreligieux est essentiel. En particulier, l’éducation au dialogue serein et au vivre-ensemble constitue un enjeu crucial pour assurer une paix durable pour les générations à venir. Les œuvres d’éducation qui permettent ainsi à des jeunes chrétiens, eux-mêmes issus d’une grande diversité ecclésiale, et à des jeunes d’autres religions, de grandir ensemble, d’apprendre, de partager et d’évoluer dans une dynamique d’harmonie, sont de véritables ferments d’espérance, qui sans doute ne font pas de bruit, mais qui préparent l’avenir et témoignent déjà d’une vraie fraternité dans la diversité.
Quelle est votre devise épiscopale et en quoi éclaire-t-elle votre mission diplomatique au service de l’Eglise pour « défaire les nœuds » entre les nations ?
« Marcher humblement avec Dieu » (Michée 6:8), telle est ma devise épiscopale. Elle correspond à la troisième partie de la réponse du prophète Michée à la question du peuple sur ce que le Seigneur attend de lui.
Cette devise invite d’abord à « marcher », à avancer et regarder devant, car nous sommes tous en chemin, un chemin orienté vers la plénitude que Dieu veut nous donner. Ce chemin ne se fait pas sans Dieu, et il ne se fait pas non plus sans les autres, sans ces femmes et ces hommes que le Seigneur nous a confiés ou vers qui il nous envoie. Il est aussi un cheminement et une croissance dans la fraternité qui exige une grande humilité. Dans le domaine diplomatique en particulier, l’humilité est nécessaire, non seulement, pour favoriser et construire un dialogue vrai. Mais elle est aussi indispensable pour travailler sans se lasser à bâtir la confiance, tout en respectant le temps des réalisations qui, en définitive, n’appartient qu’à Dieu.
L’Etat de Palestine a été reconnu par le Saint-Siège un an après le voyage historique du pape François en Terre Sainte. En quoi cette reconnaissance peut-elle stimuler concrètement la paix au Moyen Orient ?
Depuis plusieurs décennies, le conflit au Moyen-Orient ne cesse d’engendrer la souffrance, l’incertitude, l’incompréhension, la division et l’isolement. Le temps ne fait qu’aggraver la situation et les blessures. Or la stabilité et la paix doivent nécessairement reposer sur la justice, la reconnaissance des droits de chacun et la sécurité des personnes. La solution des deux Etats se présente depuis longtemps comme la mieux à même de remédier au conflit et de garantir aux peuples impliqués un futur et une paix stables, basés sur la sécurité, la justice et le droit au sein de frontières internationalement reconnues. La mise en œuvre d’une telle solution demande certes du courage, « le courage de la paix » comme le dit le Pape François. Elle exige aussi détermination et cohérence. Dans ce long et difficile processus de paix israélo-palestinien, elle implique avant tout de reconnaître les besoins fondamentaux des personnes et des peuples. Il est évident que la solution à un tel conflit constituera un pas fondamental en faveur de la paix au Moyen-Orient.
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Entretien à retrouver dans son intégralité sur le site de l’Ordre Equestre du Saint Sépulcre de Jérusalem.