« Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume ». Luc 12, 32
Mariés en décembre 2014, nous sommes partis quelques mois plus tard pour la Cisjordanie. Au programme : assurer les cours de français dans les écoles du Patriarcat latin d’Aboud pour Marie et de Bir Zeit pour Aloïs. Nous étions logés à Aboud, un petit village au nord-ouest de Ramallah au milieu des oliviers. Ce village de 2000 habitants est partagé entre chrétiens et musulmans.
Que dire pour résumer une année aussi dense ? Les cours ont commencé dès notre arrivée. N’étant pas professeurs de formation, il nous a fallu nous mettre au rythme des écoles, apprendre rapidement quelques mots d’arabe pour pouvoir se débrouiller seuls dans nos classes respectives et organiser nos cours. Beaucoup de créativité, un peu d’improvisation, nous avons été heureusement été soutenus par les professeurs, nos directrices et les professeurs de français, Miss Afaf, Miss Souad et Samer qui nous ont beaucoup aidés tout au long de l’année. Les familles du village ont été incroyablement chaleureuses et nous ont tout de suite fait sentir que nous étions les bienvenus. Cela a permis de belles rencontres, de longues discussions et de fidèles amitiés qui se poursuivront au-delà des frontières. Nous avons découvert un pays divisé où l’équilibre est parfois fragile, une autre façon de vivre et de considérer l’avenir. Mais surtout, des familles soudées, une patience de fer, une joie à toute épreuve et un accueil inconditionnel.
Notre mission consistait donc à assurer les cours de français de la 1ère à la 9ème, ce qui correspond dans le système français du CP à la 3ème, soit des enfants de 6 à 15 ans. Dans nos deux écoles d’Aboud et Bir Zeit, les élèves apprennent le français dès le CP, ainsi que l’anglais. En plus des supports scolaires, livres et, CDs, nous avons créé de nouveaux supports pour entraîner les enfants, surtout pour les petits : marionnettes, affiches plastifiés, jeux de l’oie etc.… Nous avons aussi mis en place à Aboud un club de français une fois par semaine l’après-midi pour organiser des jeux et activités ludiques en français pour leur permettre d’utiliser le vocabulaire appris en classe et découvrir la culture française (fête de la Chandeleur, œufs en chocolat pour Pâques, jeux sur la géographie et la gastronomie française… ). D’autre part, nous avons accompagné la formation des élèves qui souhaitaient passer le DELF – Diplôme Elémentaire de Langue Française au mois d’avril.
S’il nous fallait retenir une seule chose de cette année, ce serait le sens des mots « Inch Allah », ce qui signifie « à la grâce de Dieu ». Cette expression, que nous, Occidentaux, pourrions assimiler à du laxisme, qualifie surtout l’absence de prévision de l’avenir, et par conséquent la dépendance que nous avons tous par rapport à Dieu. Elle rappelle l’abandon à Sa volonté que nous essayons de vivre quotidiennement. De retour en France depuis le mois d’août, il nous faudra garder présents à l’esprit ces quelques mots et cette philosophie de vie.
Partagés entre la tristesse d’avoir quitté notre petit village d’Aboud et la joie de rentrer, quelques larmes versées, beaucoup de fous rires, nous rentrons en France avec une année de souvenirs dans nos sacs et dans la tête.
Aloïs & Marie