L’homélie prononcée lors de la messe du Jour de Noël par Mgr Pizzaballa, administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, est publiée dans sa traduction en langue française, sur le site du Patriarcat. Elle est ci-dessous reproduite dans son intégralité.
Nous avons commencé le temps de l’Avent en écoutant la Parole de Dieu qui nous invitait à veiller.
Nous avons parcouru ce temps d’attente en compagnie de tous ceux qui ont espéré et désiré voir le jour du salut. Nous nous sommes arrêtés face à ce tournant décisif de l’histoire, lorsque cette promesse a été confiée à la foi d’une femme de Galilée et à celle de son époux, un homme juste, à l’écoute de la volonté de Dieu, laquelle est toujours une volonté de vie et de paix.
Cette nuit, encore une fois, nous nous retrouvons en compagnie de personnes en train de veiller : « Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux » (Lc 2,10) : c’est à eux que parvient l’annonce d’une grande joie.
Tout pourrait nous faire penser que nous sommes arrivés à destination, que nous sommes au bout du chemin. Mais il n’en est pas ainsi : avec l’annonce de cette grande joie, est donnée aussi une invitation à se mettre en route, à la recherche de l’endroit sur terre où cette joie est arrivée. Aujourd’hui donc, l’attente se transforme en chemin. Il faut partir à la recherche de Noël.
Cet Enfant est né, ce royaume s’établit, mais non de manière évidente ou grandiose : il n’attire pas l’attention. Il est à portée de main, il n’est pas prévisible, ce n’est pas quelque chose de commercial, il est à la fois révélé et caché…
Pour le trouver, nous devons le chercher. Sortir de nous-mêmes, nous mettre en chemin. On ne peut le trouver que sur ce chemin. Et nous sommes en réalité faits pour cela. Chercher l’amour, la joie, la vie, la vérité. « Vous trouverez un Enfant. » (Lc 2,12)
Mais où chercher ? Les belles choses se trouvent toujours et seulement dans la pauvreté. Là où la vie devient essentielle, là où il n’y a rien de plus que le nécessaire. Là où il n’y a rien qui puisse nous distraire. Une étable, une mangeoire et pas grand-chose d’autre.
C’est là que se trouve ce qu’il y a de plus beau : il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour chercher. Ce que nous allons trouver là aura quelque chose de familier : familier comme peut l’être une étable pour des bergers. Le signe donné ne va pas nous éblouir, il ne va pas causer notre perte : il nous fera arriver à destination, à la maison.
En réalité, nous ne l’aurions jamais cherché là : nous l’aurions cherché plutôt dans un palais ou dans le temple, mais non dans une étable. Pour cette raison, c’est Lui-même qui nous guide, qui nous donne un signe.
« Et voici le signe qui vous sera donné » (Lc 2,12) : un enfant, des langes, une mangeoire. Un signe de pauvreté afin que personne ne se sente exclu, afin que tous puissent y accéder. Et qu’allons-nous trouver ? « Paix sur la terre aux hommes que Dieu aime » (Lc 2,14). Si nous nous mettons en chemin, si nous cherchons Noël, si nous prêtons attention aux signes, nous trouvons la paix.
Nous trouvons le plus grand cadeau possible : le salut aurait pu être encore quelque chose de diminué, un salut pour moi seul, juste pour moi. La paix est le salut, quand tous deux deviennent relation, quand ils deviennent notre vie, notre quotidien.
Quand le salut devient une véritable rencontre, dépouillée de toute violence, de toute oppression, de toute suffisance. Une rencontre telle qu’elle peut seulement se faire dans la simplicité d’une étable. C’est ainsi que nous « allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » (Lc 2, 16).
Le Seigneur nous a fait connaître un événement, mais, plus encore, le Seigneur Lui-même se fait connaître. C’est ainsi que Dieu envoya son Fils, Dieu-avec-nous, fait homme, pour pouvoir à nouveau connaître ce qu’est devenu l’homme éloigné de Lui, et à partir de là réunir l’histoire, renouveler cette connaissance mutuelle.
Qu’ainsi soit notre Noël : partir à la recherche du Seigneur, pour nous laisser finalement trouver par Lui.
C’est le début d’une nouvelle manière de se connaître, avec Dieu et, par conséquent, entre nous.
+ Pierbattista
Source : site du Patriarcat.