Fondatrice de la première brasserie palestinienne en 1994, la famille Khoury est également productrice de vin depuis 2013, à raison d’une trentaine de milliers de bouteilles par an. Vingt ans plus tard, forte du succès de son entreprise de brassage, les Khoury cultivent aujourd’hui le rêve un peu fou de faire gagner ses lettres de noblesse au vin palestinien. Un article à retrouver du Figaro.
Nadim Khoury a monté il y a 20 ans la première brasserie palestinienne. Après la bière, lui et son fils Canaan veulent inscrire la Palestine sur la carte des cépages du monde. Renchérissant sur le succès de la brasserie, les Khoury ont fondé leur entreprise viticole en 2013 dans le village semi-montagneux de Taybeh, quand Canaan est rentré de ses études aux Etats-Unis.
Les Khoury, chrétiens, comptent parmi la poignée de producteurs de vin palestinien, comme les frères salésiens du monastère de Crémisan près de Bethléem. Les variétés de raisin pouvant entrer dans la fabrication du vin sont pourtant au nombre d’une vingtaine en Cisjordanie.
Cultivé en terrasses, agrippé aux collines escarpées, s’étendant à perte de vue au bord des routes, le raisin est l’un des principaux produits agricoles palestiniens, derrière l’olive. Il se décline sous toutes les formes dans la cuisine palestinienne, servi en dessert, pressé en jus… Les feuilles de vigne, farcies de riz ou de viande, sont incontournables pour les tables de fête et les repas familiaux.
PRODUIRE DU VIN, « AUTANT UNE QUESTION DE GOÛT QU’UN ACTE DE FOI »Les vignes couvrent près de 5% des terres cultivées de Cisjordanie et produisent chaque année plus de 50.000 tonnes de raisin, selon le ministère palestinien de l’Agriculture. Mais les Palestiniens, musulmans à 98%, ne produisent pas de vin ou si peu.
Non pas que la Cisjordanie soit étrangère à la viticulture: le territoire est occupé par l’armée israélienne depuis près d’un demi-siècle et les colons qui se sont installés en Cisjordanie – bien que la communauté internationale juge leur implantation illégale – fabriquent du vin israélien sur une vingtaine de vignobles.
Pour les Khoury, membres de la communauté chrétienne qui représente 90% de la population de Taybeh – l’une des plus fortes concentrations de Cisjordanie – produire un vin palestinien est autant une question de goût qu’un acte de foi dans leur terre et dans l’histoire millénaire de la vigne ici bas.
« Depuis l’époque du Christ, les gens font du vin en Terre sainte », dit Nadim Khoury, dont le prénom en arabe signifie « le commensal », le compagnon de repas bien arrosé célébré déjà il y a des siècles dans la poésie pré-islamique. « Ma grand-mère et mon grand-père pressaient le raisin chez eux », se souvient sa fille Madees, qui tient la brasserie Taybeh.
Leurs descendants veulent à présent « augmenter la production et améliorer la qualité », dit-elle. Leurs fûts de chêne venus de France et d’Italie délivrent chaque année 30.000 à 35.000 bouteilles de cabernet sauvignon, merlot et syrah rouges et blancs, concoctés à partir du raisin récolté autour de Taybeh.
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