Voici ci-dessous la lettre pastorale publié par le Patriarcat Latin de Jérusalem :
Lettre pastorale
Action de grâce et remerciement
A mes frères, les évêques, les vicaires patriarcaux, les prêtres, les diacres, les religieux, les religieuses, les séminaristes et tous les fidèles bien-aimés dans le Seigneur, en Jordanie,
La grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit-Saint soient avec vous.
Je vous adresse cette lettre alors que je termine ma mission en tant Patriarche latin de la ville sainte de Jérusalem. J’ai prié avec vous. Ensemble nous avons travaillé dans le champ du Seigneur, « nous avons mené le bon combat »; nous avons servi notre Eglise et aimé toutes les Eglises. Ensemble nous avons porté les souffrances de la ville sainte et de toute notre société qui ne cesse de lutter avec la mort et la haine, dans l’espérance de parvenir un jour à la lumière de la résurrection et de vivre enfin un temps de dignité, de justice et de paix.
Notre Eglise est passée en ces années par une dure épreuve. Mais le Seigneur nous a soutenus par sa grâce et nous avons pu continuer à mener notre mission.
Nous avons prié ensemble, et dans l’épreuve, nous avons persévéré ensemble. Aujourd’hui, je remets ma mission entre les mains du Seigneur qui me l’a confiée, et entre les mains du Saint du Seigneur qui me l’a confiée, et entre les mains du Saint Père, le pape François.
Je remercie tout d’abord le Seigneur pour toutes les grâces qu’il m’a accordées, de par sa miséricorde infinie mais aussi grâce à l’intercession de vos prières. Je vous remercie de m’avoir accueilli et accepté parmi vous en tant que Pasteur, frère et serviteur, durant toutes ces années. Je vous remercie pour vos prières, votre charité et votre coopération. Je remercie et j’apprécie tous vos efforts, vous, chers prêtres du Patriarcat, et vous tous prêtres du diocèse appartenant aux différentes congrégations religieuses qui avez servi les paroisses, de toute langue et nationalité. Je pense ici de manière spéciale au Vicariat pour la communauté d’expression pour la communauté d’expression hébraïque.
Je remercie toutes les congrégations religieuses, et en premier lieu, la Custodie de Terre Sainte, pour ses multiples sacrifices et services. Je remercie tous les efforts déployés dans les paroisses, les écoles et les institutions éducatives et sociales.
Je salue tous les fidèles, les mouvements apostoliques et les groupes de prière. Je demande à Dieu de vous garder, d’agréer vos prières, et de vous combler de sa grâce et de son amour. Nous travaillons tous pour la gloire de Dieu. Pour vous tous, j’ai prié et demandé au Seigneur de vous exaucer. Pour vous, je continuerai à prier et à servir autant que le Seigneur me le demandera.
Je remercie enfin tous ceux que le Seigneur a mis sur mon chemin pour les servir et pour que eux-mêmes me soient un soutien.
Je remercie toutes les Eglises catholiques du monde, l’Ordre du Saint-Sépulcre, qui ont porté avec nous la mission. De même, l’Assemblée des Ordinaires Catholiques et toutes les Eglises de Terre Sainte, la Conférence des Evêques latins dans les pays arabes, le Conseil des Patriarches catholiques d’Orient, et le Conseil des Eglises du Moyen-Orient. Ensemble nous avons essayé d’accomplir la volonté de Dieu sur nous, et d’être des croyants sincères et de vrais adorateurs « en esprit et en vérité ».
Je remercie le Seigneur qui a nous a donné la joie de la canonisation de deux saintes de notre diocèse, la religieuse carmélite Marie de Jésus Crucifié et la fondatrice des Religieuses du Rosaire, Marie Alphonsine Ghattas. Cet événement pour moi fut le sommet de mon ministère. Les deux saintes nous accompagneront par leur intercession et l’exemple de leurs vertus, dans notre marche vers le Royaume.
A mes chers prêtres, aux religieux, religieuses et fidèles bien-aimés, je vous dis adieu puisque j’ai atteint l’âge de la démission. Mais ma prière vous accompagnera toujours, alors que vous continuerez à porter le « poids et la chaleur du jour », dans toutes les régions du diocèse. Ma recommandation ne peut être que le commandement du Seigneur à ses apôtres, la veille de sa passion et de sa mort: « aimez vous les uns les autres », et aimez tout le monde. En cette année de la miséricorde méditez aussi la parole du Christ: « Bienheureux les miséricordieux car ils trouveront miséricorde ». Soyons miséricordieux les uns envers les autres.
Le Pape François a voulu nous envoyer son représentant pour un temps dans la personne de l’Administrateur Apostolique, le R.P. Pierbattista Pizzaballa, Custode précédent de Terre Sainte. Sa mission, entre autres, a pour but de préparer la nomination du nouveau Patriarche. Le R.P. Pierbattista connaît les conditions difficiles et les besoins de notre terre et de notre diocèse, ayant été Custode pendant 12 ans parmi nous.
Nous vivons des moments difficiles qui suscitent beaucoup de questions. Nous essaierons d’y répondre avec patience et mûre réflexion, unis dans notre espérance en un avenir de grâce. Le seigneur Jésus disait de temps en temps à ses disciples: « venez à l’écart », afin de les renouveler, de les fortifier par son enseignement et par la prière. Aujourd’hui, le Christ nous dit à nous aussi: venez à l’écart, loin des soucis, des opinions, afin de prier et de réfléchir en présence de Dieu, afin de faire notre examen de conscience, de nous encourager les uns les autres et de préparer un avenir solidement fondé sur le rocher de la foi et de l’amour.
Nous savons par ailleurs que ce n’est pas la première fois que Dieu dit à notre diocèse: venez à l’écart, afin de prier et de faire notre examen de conscience. En 1947, après la mort du Patriarche Barlassina, notre terre fut livrée à la guerre. Dieu nous envoya en ce temps-là un Administrateur Apostolique, SE Mons Gustave Testa, alors Délégué Apostolique, pour prier et réfléchir avec nous, jusqu’au jour de la nomination du Patriarche Alberto Gori en 1949. Aujourd’hui l’appel de Dieu se répète : venez à l’écart. Nous savons tous que l’épreuve commencée en 1948 n’est jamais finie. Au contraire, elle ne fait que s’aggraver et devenir plus dangereuse pour nos deux peuples et pour nos Eglises en Terre Sainte. Cela veut dire que nous devons porter aujourd’hui encore la responsabilité de nos peuples en quête de justice et de paix.
Entretemps, Dieu nous a confirmés dans sa grâce et nous a envoyés des patriarches pris parmi nous. Aujourd’hui, il nous invite à nous arrêter, à prier, à discerner le chemin à suivre, car notre chemin est semé d’épreuves et Dieu exige de nous plus de prière, d’effort et de sérieux, ainsi qu’une véritable conversion de nous-mêmes. Il exige de nous plus de fidélité à sa grâce, et plus de capacité à porter les multiples responsabilités de notre Eglise patriarcale.
Nous remercions le Seigneur pour sa volonté sur nous. Nous accueillons sa grâce et avec son amour nous accueillons celui qu’il nous a envoyé. Les conditions générales de notre pays et de toute la région ont besoin de révision et d’un nouveau départ. Il en est de même de nos Eglises. Nous avons besoin d’un moment de réflexion en tant que personnes et en tant que communauté. C’est un temps de grâce que nous accueillons des mains de Dieu et des mains de notre mère l’Eglise. Nous l’accueillons dans la personne de l’Administrateur Apostolique venu pour nous accompagner dans notre prière afin de préparer notre avenir comme terre et comme Eglise patriarcale. Avec la coopération, et l’amour, ce qui paraît impossible devient possible; ce qui nous a semblé être une surprise et un pas en arrière est au regard de Dieu une grâce et un pas en avant, dans la continuation de la nouvelle phase commencée lors de l’administration de notre Patriarcat. Pour Dieu rien n’est impossible. Pour cela, notre action doit être la continuation de l’action de Dieu, selon la parole du Christ : « Mon Père est à l’œuvre, et moi aussi je suis à l’œuvre » (Jn 5, 17). Avec Dieu, nous agissons. Le pas en avant dépend donc de cette continuité entre notre action et celle de Dieu. Cela exige de nous une grande purification.
Certains demandent : quelle est la durée du mandat de l’Administrateur? Cela dépendra de notre coopération avec lui et de notre amour les uns pour les autres. Nous pouvons faire ce que nous désirons, si nous faisons ce qu’il faut faire, et si nous aimons comme Dieu veut que nous nous aimions. Avec la grâce de Dieu, nous sommes capables d’aimer; nous sommes capables de faire sa volonté et celle de l’Eglise universelle, i.e. faire un pas toujours en avant. Cela dépend de notre fidélité à Dieu et à notre sacerdoce. Je suis confiant que vous serez capables de vivre l’amour et le service à l’exemple du Christ « qui s’est livré pour nous ». Je suis confiant que vous serez capables aussi de vivre la pauvreté du Christ qui était pauvre en tout. Ainsi nous serons témoins de la puissance de Dieu qui se « manifeste dans la faiblesse » et l’humilité.
Je vous quitte. Je resterai proche de vous dans ma prière. Je vous confie à l’amour de la Vierge Marie, qui a accompagné Jésus son fils, puis les apôtres. Elle a toujours accompagné l’Eglise et elle nous accompagne aujourd’hui, dans sa terre et dans toutes nos paroisses. Je vous confie à l’amour de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, qui vous soutiendra de sa grâce et vous confirmera dans l’amour. Soyez sereins; vivez dans la paix du Christ, et priez pour moi.
Que Dieu Tout-Puissant vous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen.
+ Fouad Twal,
Patriarche latin de Jérusalem