Entretien du père David Neuhaus, vicaire patriarcal pour les catholiques hébréophones.

Le site du Patriarcat latin  nous offre la traduction complète d’un entretien vidéo réalisé par le média canadien Sel et Lumière (en anglais) avec le père David Neuhaus,  sj, vicaire patriarcal de la communauté hébréophone de Terre Sainte. Dans celui-ci le vicaire patriarcal se confie sur son chemin de conversion personnel, sur sa mission, et sur celle de la communauté hébréophone.

PTR : Vous êtes Jésuite et Vicaire patriarcal pour les catholiques hébréophones, et très impliqué dans la Commission pour la Pastorale des Migrants au Patriarcat latin. Vous êtes aussi membre de la Compagnie de Jésus, récemment ordonné prêtre, et vous avez également du sang juif. Commençons donc par le commencement : parlez-moi de David Neuhaus et de votre expérience en Afrique du Sud dans une famille juive.

PDN : J’ai grandi dans une famille de migrants. De migrants juifs. Ma famille a fui l’Allemagne nazie dans les années 30, et a trouvé refuge dans une communauté juive très soudée en Afrique du Sud, où je suis né en 1962. J’ai suivi toute ma scolarité dans le système scolaire juif local. C’est un enseignement dont la diaspora juive a toujours été fière, et ce, à raison. A l’âge de 15 ans, mes parents décidèrent de m’envoyer en Israël.

[…]

J’ai continué de chercher, d’examiner la question, et deux choses se sont produites et ont été déterminantes. La première est ma rencontre avec le pape Jean XXIII. Bien sûr, je ne l’ai pas rencontré réellement, mais j’ai commencé à lire sur lui, puis lire ses écrits, et je suis convaincu que, à un certain niveau, la question de mes parents était aussi sa question. Il réfléchissait et méditait réellement sur cette question. La deuxième chose a été la rencontre avec des personnes se posant beaucoup de questions. C’était la Compagnie de Jésus. Et c’est ainsi que, lentement mais sûrement, je me suis déplacé dans l’orbite de l’Eglise catholique. Les années continuaient d’avancer, acceptant cette période de dix ans de réflexion, de méditation et de discernement. Des mots de jésuite, avant de devenir jésuite.

PTR : Ma première réaction est juste : « Oh mon Dieu… Wow » !

PDN : Permettez-moi de vous dire que ce fut un parcours particulièrement intéressant, d’autant plus long qu’après ces dix années passées à découvrir la communauté catholique hébréophone de Jérusalem dont j’étais devenu un membre actif, je suis maintenant en charge de cette communauté. J’insiste pour qu’y soit conservé la même politique à laquelle je me suis confronté lors de mon arrivée en disant : « hey les gars, je crois en Jésus, baptisez moi » ! On m’avait répondu à l’époque : « tu es complètement fou, c’est beaucoup trop rapide. On ne baptise pas les gens comme ça, il faut avant tout apprendre, étudier, t’enraciner dans la communauté, discerner au moins pendant deux ans. » Ce à quoi j’avais répondu : «  ok, cela me donnera deux ans pour sortir du placard ». Personne ne savait à ce moment-là ce qui se passait au plus profond de mon cœur, à part mes parents et quelques amis choisis. J’ai donc enfin été baptisé après deux ans d’attente. Une merveilleuse irlandaise, Sœur de Saint Joseph de l’Apparition était ma marraine.

[…]

PTR : Que ressentez-vous en vous-même en tant que juif israélien, né en Afrique du Sud, vivant au milieu de toute cette tension, dans ce cyclone, si vous préférez ? Vous vivez tout cela dans votre corps, dans votre chair, comment faites-vous ?

PDN : Je le vis comme une grâce. Une grâce merveilleuse. Surout parce que je pense que je n’ai pas à vivre tout cela seul. C’est toute l’Eglise qui est appelée à vivre ça. Et soit dit en passant, nous n’avons pas à être au milieu, mais entièrement, entièrement dans ces deux sociétés qui se déchirent entre elles, la société israélienne, et la société palestinienne. Tout ceci est une grâce spéciale accordée à l’Eglise de Terre Sainte, profondément ancrée dans ces deux réalités. Et encore une fois, je n’aime pas  ceux qui disent que l’Eglise doit être au milieu. Notre place n’est pas au milieu, notre place est d’être la levure et la semence et ici, je vois l’Eglise profondément enracinée depuis des siècles, depuis le début. Les premiers arabes qui croyaient au Christ sont mentionnés dans les Actes des Apôtres, et ainsi, nous pouvons dire que l’Eglise arabophone peut se voir deux mille ans en arrière de même l’Eglise juive, parlant l’araméen. Quand nous regardons notre époque, nous voyons que Dieu, avec son sens de l’humour habituel, a enraciné profondément l’Eglise dans les deux sociétés rivales, ce qui nous rend témoins d’une réalité. Cette réalité qui est que nous sommes une Eglise complètement étrangère au monde dans lequel nous vivons.

PTR : N’avez-vous jamais arrêté de penser que ce que vous vivez est l’expérience même de la Pentecôte, avec les Mèdes, les Elamites et les Parthes, et ce groupe, ou celui-la, avec les juifs, les non-juifs…

PDN : C’est ce que nous sommes appelés à vivre…

[…]

L’entité de la traduction ainsi que la vidéo en anglais sont à retrouver sur le site du Patriarcat latin.

 

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