Tribune Mars 2016 : « Terre Sainte : en quoi l’est-elle ? »
Tribune de Monseigneur Michel Dubost :
La Terre Sainte…
L’expression est-elle recevable aujourd’hui, alors que l’homme et la femme semblent être de plus en plus mobiles et littéralement, grandir, vivre et mourir « hors sol » ?
La Terre Sainte…
L’expression est-elle recevable pour les trois grandes religions qui s’y rencontrent ?
Peut-on vraiment dire que cette terre de sang, de cendres et de peur est sainte ? En quoi l’est-elle ?
Evidemment, ce n’est pas à un évêque catholique de dire ce que pensent les musulmans et les juifs.
Et je serais heureux d’entendre leur avis.
Pour le chrétien, la question posée est double.
Elle est celle du lien de cette terre avec Israël et elle est aussi celle de la place de cette terre dans sa propre foi.
Jean-Paul II écrit : « C’est la terre que nous appelons sainte pour avoir été la patrie terrestre de Jésus »…
Jérusalem, avant d’être la ville de Jésus, le Rédempteur, a été le lieu historique de la Révélation biblique de Dieu, le point où, plus qu’en tout autre lieu, se noue le dialogue entre Dieu et les hommes, comme le point de rencontre entre le ciel et la terre. » (Redemptionis anno, 20 avril 1984).
Ceci est évident et explique notre attachement à cette terre.
Cet attachement est relativisé dans notre foi puisque, pour nous, le Temple de la rencontre n’est plus à Jérusalem, mais, il est le corps du Christ partout où il se trouve… « L’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité. » (Jn 4. 23).
Mais Jérusalem et la terre d’Israël, à la fois, nous parlent de Jésus et sont une métaphore du lieu de la rencontre universelle de tous les hommes en lui.
Cela dit, il n’est pas indifférent à notre foi de voir les juifs (re)habiter en Israël : « Nous ne pouvons pas oublier, en tant que chrétiens, le don fait jadis par Dieu au peuple d’Israël d’une terre sur laquelle il a été appelé à se réunir. » (les évêques de France, 16 avril 1973). Cette présence interroge. Il n’est pas facile à la pensée chrétienne de conclure une réflexion à ce sujet. Mais il est certain que les drames actuels n’ont pas simplement des causes politiques, mais ont aussi une dimension religieuse que l’on ne peut pas édulcorer.
S’il en est ainsi – sans minimiser les nécessaires efforts politiques – nous devons reconnaître l’importance de la prière pour recevoir en Terre Sainte le pain comme un don de Dieu.
Mgr Dubost et Mgr Shomali Eveque auxiliaire de Jérusalem en septembre 2014 à Evry.