Pour célébrer les 2 ans de la Tribune de Terre Sainte voici une Tribune sur notre volontariat en Terre Sainte l’été dernier :
Volontaires en Terre sainte
Jeunes passionnés par la Terre Sainte et la découverte des Chrétiens qui vivent sur cette terre où le Christ s’est incarné, nous sommes cinq à avoir choisi de partir quatre semaines à Jérusalem et Ramallah en juillet, comme volontaires.
A l’exception de l’un d’entre nous, nous étions déjà tous venus au moins une fois en Terre Sainte, comme pèlerins. Ces premières expériences avaient nourri en nous un profond attachement à cette terre et à nos frères qui y habitent et, à l’instar des paroles prononcées pour clôturer Pessah, nous nous promettions d’être « l’an prochain à Jérusalem ! »
Même si deux années s’étaient écoulées depuis ce dernier séjour, nous gardions la Terre Sainte présente dans notre vie française, par au moins deux aspects. En premier lieu, par notre engagement au sein des Ecuyers et Demoiselles de l’Ordre du Saint Sépulcre, la branche jeune de ce mouvement voué à l’aide spirituelle et matérielle aux Chrétiens de Terre Sainte. La participation aux réunions et activités de l’Ordre nous maintient tournés vers Jérusalem et nos frères Chrétiens, priant pour eux et nous informant de leurs besoins et de leur actualité. C’est précisément ce dernier aspect, l’actualité, qui constitue notre second lien avec la Terre Sainte. En effet, nous avons créé sur internet la Tribune de Terre Sainte[1], que nous voulons un relai d’information, par le partage d’articles de presse consacrés à la Terre Sainte, mais aussi un lieu où faire connaître les acteurs qui s’engagent et œuvrent en faveur des Chrétiens d’Orient, en relayant – notamment – conférences, témoignages et expositions.
Comment, dans ces conditions, ne pas succomber et ne pas revenir en Terre Sainte ?
Partir comme volontaires. Cette fois, nous souhaitions être des volontaires. Pourquoi ? Tout d’abord, pour que ce nouveau séjour ne ressemble pas au pèlerinage déjà effectué. Ensuite parce que ce temps de service nous paraissait compléter notre action, en France, pour la Terre Sainte.
La démarche du pèlerin est celle d’un chemin intérieur. La démarche du volontaire est celle de l’action. L’une nourrissant l’autre – ora et labora – afin de rencontrer le Christ, par deux chemins qui se rejoignent en Lui.
Outre la démarche, le rythme et le rapport au temps sont également différents. Lorsque le pèlerin n’a souvent qu’une petite dizaine de jours pour parcourir les Lieux saints, le volontaire a – ou croit avoir – le temps pour lui puisqu’il reste plus longtemps. C’est très vrai ; et c’est aussi très faux. Son temps ne lui appartient pas puisqu’il travaille, et, en cela, il ne peut compter que sur ses soirées et ses weekends. Mais ce travail est précisément source de rencontre et de découvertes, qu’il n’aurait assurément pas faites comme pèlerin.
Ces rencontres jalonnent tout volontariat. C’est l’accueil chaleureux par une communauté monastique priante et souriante, que ce soit à Saint-Sauveur, au Mont des Oliviers ou à Abu Gosh. C’est le temps offert par un prêtre, après une réception à l’ambassade, pour partir de nuit, visiter les lotissements construits par la Custodie pour les Chrétiens de Jérusalem et faire le chemin depuis Bethphagé pour voir les lieux de la Passion du Christ. C’est le regard espiègle d’un écolier de Ramallah. C’est la générosité d’une famille qui vous reçoit à dîner et a mille attentions pour ces jeunes venus de France. C’est, enfin, ce frère qui trouve toujours du temps pour une visite, une remarque, une explication et vous emmène à sa suite pour une redécouverte du Saint Sépulcre pendant … quatre heures. Être volontaire, c’est bénéficier de ces grâces imprévues, offertes spontanément et abondamment.
Enfin, partir comme volontaire permet de vivre – presque – comme un local, ce qui induit de faire ses courses, de s’approprier doucement la ville et ses commerces, d’être attentif aux conseils et astuces distillés par les habitués afin de s’aventurer vers les épiceries de quartiers, dans les ruelles à l’écart, là où s’approvisionnent les habitants. Vivre comme un local, c’est développer de nouveaux rapports aux Lieux Saints et – par exemple – avoir le bonheur de débuter ses journées en allant à la messe au Saint sépulcre.
Ces objectifs sont certes très beaux ; mais, concrètement, que faire ?
Action. Notre volontariat fut divisé en deux périodes. Nous avons d’abord travaillé auprès des Franciscains, au couvent Saint-Sauveur pour les assister dans la mise en page de livrets liturgiques pour les différentes messes célébrées dans les Lieux Saints et à Saint-Pierre-en-Gallicante. Nous avons également alimenté l’application ibreviary[2] développée par la Custodie de Terre Sainte et qui offre sur téléphone et tablette les textes de la liturgie des heures et de la messe.
Travailler au Couvent Saint-Sauveur nous a offert un regard privilégié sur ce beau lieu, empreint de sérénité et d’apaisement, et dont l’aspect labyrinthique des couloirs est à l’image des ruelles de la vieille ville. Grâce à la générosité des frères qui nous ont conviés à leur table, nous avons eu la grande joie de vivre des repas monastiques mais également de profiter, à la nuit tombée, de la terrasse qui surplombe la vieille ville. Les grâces du volontariat, disions-nous.
Logeant dans une maison de la Custodie, Maria Bambina, nous avons côtoyé les nombreux volontaires qui œuvrent, pour souvent plusieurs mois, auprès des Franciscains. Nous y avons découvert la diversité des missions remplies et des compétences requises : les historiens travaillant à l’aménagement du futur TerraSancta Museum ou à l’étude des registres d’entrée des fournitures du Couvent au XVIIème s., les archéologues fouillant les gravats déblayés à l’occasion du percement d’un mur, les rénovateurs d’objets anciens ravivant les tableaux ou encore les journalistes contribuant à la rédaction de ce magazine.
Nous sommes ensuite partis pour Ramallah, où, grâce au Réseau Barnabé[3] – réseau de coopération de l’Enseignement catholique français avec les établissements scolaires chrétiens de Terre Sainte –, il nous a été proposé d’encadrer un camp, en langue française, au Collège Al-Ahliyya, situé au sein de la paroisse latine. Pendant dix jours, nous avons animé chaque matin quatre heures et demie d’activités pour une petite trentaine de jeunes, de 7 à 13 ans, chrétiens et musulmans. À notre arrivée, le curé de la paroisse, le Père Ibrahim Shomali ne nous a donné qu’un objectif : faire aimer le français aux jeunes ! Nous inspirant du scoutisme, nous avons privilégié l’apprentissage par le jeu. Afin de faire découvrir la France aux enfants, nous avions pour guides Astérix et Obélix, dans leur Tour de Gaule. Les enfants et les jeunes ont été des sources de joie constantes, par leurs rires, leurs sourires et l’affection qu’ils nous témoignaient. Nous avons préparé au fil des jours le spectacle de fin de camp, qui a permis aux enfants de montrer, avec fierté, à leurs parents – et à Monsieur le Curé – les progrès effectués.
Vivant au presbytère, au cœur de la paroisse, nous avons mesuré son importance dans la vie sociale. Les discussions avec le Père Ibrahim, Salam le séminariste, les professeurs du collège ainsi qu’avec les salariés et bénévoles de la paroisse ont été autant de facettes nous permettant chacune d’entrevoir un aspect de la paroisse et de la vie communautaire.
Vivre à Ramallah, en Palestine, fut enfin l’occasion de mesurer les obstacles à la liberté de circulation que rencontrent les habitants, tant pour se rendre à Jérusalem ou en Israël, que dans d’autres parties de la Palestine.
Être volontaire fut pour nous une chance unique de rencontrer les habitants de Terre Sainte dans leur quotidien et de dépasser une éventuelle retenue – d’un bord comme de l’autre – par le biais d’une activité commune ; la discussion et l’échange allaient ensuite d’eux-mêmes.
Pèlerin ou volontaire : allez à Jérusalem ! Que vous partiez en pèlerin ou en volontaire, nos frères de Terre Sainte attendent et ont besoin de votre visite ! Pas une discussion, pas une rencontre sans que cette idée n’ait été exprimée. Et, pour les rencontrer, le Custode de Terre Sainte nous a révélé une astuce imparable : pendant un pèlerinage de huit jours, il y a forcément un dimanche. Ce jour-là, allez à la messe dominicale dans une paroisse. La liturgie est certes en arabe, mais cela sera largement compensé par les échanges que vous aurez sur le parvis. Car oui, nous préférons vous le dire : vous ne passerez pas complètement incognito et l’hospitalité moyen-orientale fera que l’on viendra vous parler. Nous, nous avons essayé cela à Ramallah et nous vous le conseillons vivement !
Alors, vous aussi ? « L’an prochain à Jérusalem » ?
Guillaume et Paul, pour la Tribune de Terre Sainte
[1] latribunedeterresainte.com