Chaque semaine, Gad Barnea ou Soeur Agnès de la Croix (de la Communauté des Béatitudes) propose une réflexion sur la portion de la Torah lue dans les synagogues le jour du shabbat. Cette semaine, c’est la portion Shelah Lekha : Nombres 13, 1 – 15, 41 et la Haftarah est Josué 2, 1 – 21.
La terre de lait et de miel…
Le titre de cette paracha nous donne une clef de lecture des événements qui nous sont relatés : il est dit « Envoie pour toi des hommes explorer le pays de Canaan… », et pas simplement : « Envoie des hommes »… D’après une tradition, la visite de la terre de Canaan est l’initiative du peuple qui est venu trouver Moïse pour réclamer cette vérification, et non un commandement d’en haut. La terre n’a nul besoin d’être reconnue, elle avait déjà, d’une certaine manière, été visitée par son créateur. Un midrash explique qu’après cette réclamation du peuple, Moïse alla demander conseil au Saint Béni soit-il : « Voici que ce peuple me demande telle et telle chose… Le saint béni soit-il lui répondit : ce n’est pas la première fois, on s’est déjà moqué d’eux en Égypte, comme il est dit : « Et ils se sont moqués d’eux en Égypte ». (Os 2,7). Je les connais, et je n’ai donc nul besoin de les éprouver, comme il est dit : Lui qui révèle profondeurs et secrets, il connaît ce qui est dans les ténèbres. » (Dn 2,22). Et le saint béni soit-il dit : Moïse, moi, je sais ce qu’il y a en eux, mais puisqu’ils te le demandent, envoie-les, toi-même. » (Nb Rabba 16,28).
L’ordre de Dieu, d’après ces commentaires, vient donc de la faiblesse du peuple sur le point d’abandonner la traversée du désert… Et on peut penser que Moïse, qui cherche à rassurer le peuple, agit lui aussi par manque de foi et de confiance. Aux yeux de la tradition, cet envoi constitue une faute aussi grave que l’adoration du Veau d’or, et de fait, cette visite des explorateurs se termine en catastrophe : les explorateurs vont critiquer cette terre, et commettre ainsi un péché de médisance, et même de calomnie. Un commentaire (du rabbi de Kotzk) dit qu’en fait, les faits rapportés étaient exacts, mais que cela ne signifie pas pour autant qu’ils étaient vrais… La vérité est aussi dans l’interprétation de ces faits, dans leur lecture juste, et ce fut ici la faute des explorateurs. Ils n’ont pas cru à la promesse.
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