Une tribune de Mgr Shomali.
Mais l’ange prit la parole et dit aux femmes : Pour vous, ne craignez pas ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. Il n’est point ici, il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché, et allez promptement dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts. (Mt 28, 2-6)
Le jour de Pâques et pendant l’Octave pascale, les chrétiens de Terre Sainte, ainsi que ceux du Moyen-Orient, se saluent avec ces mots: Masih kam c.-à-d. « le Christ est ressuscité. » L’interlocuteur répond: Haqqan qam c.-à-d. « il est vraiment ressuscité. »
Il est relativement facile de se convaincre du fait historique de la résurrection du Christ. En fait, Le tombeau a été retrouvé vide le matin de Pâques par plusieurs témoins. Le Christ est apparu à ses disciples. Il leur a montré ses blessures et leur a parlé. Leur transformation spirituelle était évidente. Apeurés et cachés dans le Cénacle, voici qu’ils sortent annoncer la bonne nouvelle au monde entier. Leur témoignage est la source de notre foi.
Mais il est plus difficile de parler de la résurrection à ceux qui souffrent aujourd’hui de persécution et d’injustice. Il est difficile de raviver leur espoir. Comment les convaincre que leurs larmes seront essuyées et que la justice prévaudra ? Comment convaincre les parents des victimes de l’université Garissa au Kenya de se consoler et leur dire que la résurrection sera la dernière parole de Dieu ? Comment convaincre les chrétiens d’Irak qu’ils reviendront à leurs maisons détruites par Daesh ? Comment convaincre les réfugiés syriens que les tentes sous lesquelles ils vivent sont provisoires et qu’ils reviendront à leurs maisons ? Comment convaincre les Yéménites et les Libyens que la résurrection du Christ est le début d’un monde nouveau ? Comment parler de la résurrection aux parents et proches des victimes du drame de Germanwings, causé par un pilote « déprimé et psychotique », et leur dire qu’ils reverront leurs enfants dans l’autre vie, où existe une meilleure qualité de vie ?
Pourtant le Christ est ressuscité et veut que chaque chrétien soit l’annonciateur de cette bonne nouvelle : après la mort il y a la vie. A partir d’aujourd’hui nous avons à travailler ensemble pour changer le monde et le rendre meilleur.
Deux nouvelles saintes Palestiniennes
Si les deux milliards de chrétiens travaillent pour la paix et la justice, le monde changera, non pas par notre propre force seule, mais avec celle du Ressuscité qui a promis de rester avec nous jusqu’à la fin des temps.
Le Ressuscité veut changer le monde avec nos humbles énergies qui seront multipliées par la force dynamique de sa résurrection.
Nous avons eu récemment deux signes qui éveillent l’espérance. La première est la future canonisation de deux nouvelles saintes Palestiniennes le 17 mai prochain à la Place Saint-Pierre. Elles seront déclarées saintes parce qu’elles ont cru, espéré et aimé d’une manière héroïque. Leur victoire sera nôtre si nous les imitons.
Un deuxième événement positif : les chrétiens de Bethléem ont gagné un procès devant les tribunaux israéliens. Leurs terrains, situes dans la vallée de Crémisan ne seront plus perdus derrière le mur de séparation. La Solidarité et les prières de milliers de personnes dans le monde, et la collaboration entre chrétiens, juifs et musulmans de bonne volonté ont rendu cette victoire possible.
Ces deux événements soutiennent notre espérance.
Meilleurs vœux à tous les lecteurs de cette tribune. Que Pâques vous apporte beaucoup d’espérance.
+ William Shomali
Evêque auxiliaire de Jérusalem.
Pâques 2015