Défendre les Chrétiens d’Orient : question d’humanité, de justice et… de stratégie

A lire sur lemonde.fr, cet article de Bernard Emont (Professeur de l’enseignement supérieur, spécialiste des minorités linguistiques et culturelles) et Jean Samat (co-fondateur de l’Association d’apprentissage la Langue Araméenne et conseiller municipal à Gonesse). Tous deux soulignent le caractère stratégique que revêt pour la France la défense des chrétiens d’Orient. En particulier en Irak.

Extrait :

« On est étonné de voir la patrie des droits de l’homme si discrète devant l’éviction massive de tout un peuple (plus d’un million de personnes), elle qui se veut la voix des opprimés, des victimes de répressions injustes—surtout lorsqu’elles reposent sur des « délits d’opinion ». Est-elle gênée de défendre des chrétiens, auxquels la relient tant de liens divers, et dont, quoi qu’elle en dise, sa culture est imprégnée ? Craint-elle d’être accusée de favoritisme ? Il serait pourtant d’élémentaire justice d’aider ces exclus à rentrer dans leurs foyers ! Avec toutes les garanties en termes de protection : par exemple le déploiement d’une force internationale, avec l’aval du gouvernement irakien qui aurait pour rôle de garantir et de faire respecter leurs droits les plus élémentaires, surtout en matière de sécurité dans des zones définies par les grandes puissances.

Mais ce n’est pas là, seulement, question d’humanité et de justice. Il y va, pour la France, d’une véritable stratégie de protection d’elle-même et de ses valeurs. Car qui peut croire – surtout après les événements que nous venons de vivre – que ce phénomène ne nous concerne pas. Il serait folie, au nom d’une laïcité aveugle, de considérer indifférent qu’une communauté, animée par une idéologie pacifiste et non violente, disparaisse de cette partie du globe, où elle a toujours constitué un élément d’équilibre : voire un trait d’union entre ethnies très diverses. Il serait illusoire de penser que quelques mesures de police sur notre sol, de protection de nos frontières, suffiront à combattre le terrorisme, si nous lui laissons le champ libre dans ce qu’il faut bien appeler nos avant-postes.

Car si nous laissons s’installer l’injustice et la terreur dans ce coin d’Orient, qui peut penser, à l’heure du village global, que quelques centaines de kilomètres nous serviront d’abri ? Si nous nous contentons de frappes aériennes pour sécuriser quelques couloirs, qui peut croire qu’elles suffiront à poser les bases d’une paix durable, même si elles en constituent des outils provisoires ? Une telle paix ne s’obtiendra que par un complément diplomatique opiniâtre et un travail de fond auprès des populations : partie d’une stratégie bien comprise, où les armes idéologiques et le capital humain ne pèseront pas moins lourd que l’arsenal militaire et policier.

Vaincre Daech ne peut se réduire à contrer le cyclone dans sa périphérie. Il faut agir en son cœur, commencer par réparer les dommages à leur source ; permettre aux expulsés – dont les chrétiens d’Irak – de rentrer chez eux et refuser les actes d’un terrorisme quotidien qui fait de la spoliation un mode de gouvernance et de la mort la sanction de la différence ; reconstruire les digues, morales et politiques, qui ont permis, par le passé, un minimum de « vivre ensemble » – l’un des plus grand défis pour ces minorités religieuses – et empêcher toute tentation de retour à un ordre violent. Faute de quoi, non seulement il faut s’attendre à de graves résurgences, voire à l’amplification de raids dévastateurs, non seulement aura-t-on dépensé beaucoup d’argent pour rien, mais l’Humanité aura régressé de plusieurs siècles, avec des conséquences hautement imprévisibles. »

 

Retrouvez l’intégralité de l’article ici.

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