
Mahmoud Cherbaji n’oublie pas ce qu’il doit à l’école de son enfance, le collège Saint Elie à Tripoli, la grande ville du nord Liban, marquée ces dernières années par des affrontements violents entre groupes djihadistes et armée nationale.
Chaque année au moment de Noël, ce solide musulman sunnite de 64 ans ne rate jamais l’occasion de rendre visite aux responsables de cet établissement chrétien qui l’ont mené jusqu’ a la faculté de médecine. Devenu chef de famille, Mahmoud y a aussi inscrit ses deux enfants. “C’est une tradition dans la famille Cherbaji. Nous passons tous par Saint Elie. C’est une école qui m’a ouvert sur le monde, et sur l’humanité.”
Si Mahmoud, que je connais depuis plusieurs années a pu être préservé des idéologies politiques et religieuses, où tant de Libanais sont tombés, il le doit, en grande partie, à ce qu’il a reçu dans cette école.
C’est en bordure de mer, dans le quartier El-Mina que ce trouve Saint Élie. 1287 élèves, 75% de musulmans. Elias Maurice Bitar, son directeur évoque l’enseignement comme la mission de former des citoyens responsables.
“L’école, dit-il, est un point fort du christianisme dans le monde arabe à majorité musulmane. Même aux pires heures des guerres qui ont frappé le Liban, notre rôle éducatif n’a jamais été remis en cause à Tripoli, sunnite à 90%.”
A Saint Élie, on parle de Jésus et on prépare Noël et les fêtes de fin d’année sans aucun problème. Jihad Haydar affirme même que les élèves musulmans participent à la chorale et prêtent la main avec enthousiasme pour décorer les classes de sapins et de père Noël. Jihad, 47 ans se sent bien à Tripoli qu’il ne quitterait pour rien au monde. Et si “beaucoup émigrent, dit-il, c’est avant-tout pour des raisons économiques, mais tous reviennent passer les fêtes de Noël à Tripoli”.
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