Rétrospectivement, l’année qui s’achève n’était pas bonne pour les chrétiens de Terre sainte, malgré l’espoir suscité par la visite pontificale. A l’approche de Noël, la tristesse se lit sur les visages à Bethléem, Gaza ou en Israël pour différentes raisons…tour d’horizon.
Menace d’expropriations en Cisjordanie
Musa a plus de 70 ans. Plein de nostalgie, il porte son regard sur la vallée silencieuse où croissent des oliviers centenaires. « Si la volonté de l’armée israélienne est exaucée, alors ils pourront me prendre mes terres et y construire leur mur. C’est comme si l’on me poignardait en plein cœur. Ces oliviers appartiennent à ma famille depuis de longues années. Ils nous nourrissent. Mais on nous enlève plus que nos terres et nos revenus : on nous prend notre identité. » Le destin de Musa est identique à celui de 57 autres familles chrétiennes de Beit Jala, une localité majoritairement chrétienne proche de Bethléem. Directement ou indirectement, ils sont tous concernés par la confiscation des terres, soit parce que le mur de séparation doit être édifié sur leurs terres, soit parce que l’accès à leur propriété leur sera rendu plus difficile, sinon impossible. La majorité des quelque 45 000 chrétiens de Palestinevivent dans cette région, le triangle chrétien formé par Bethléem, Beit Jala et Beit Sahour. La confiscation des terres menace aussi deux monastères catholiques. Cela fait des mois que les négociations sont menées devant la Cour suprême d’Israël à Jérusalem pour déterminer en dernière instance le tracé du mur de séparation. Le verdict de la Cour suprême est attendu sous peu. « Nous prions que le choix tombe sur un tracé alternatif, afin que les monastères et les familles puissent conserver leurs terres », explique Mgr Shomali du Patriarcat latin de Jérusalem et responsable des Territoires palestiniens. Depuis d’innombrables vendredis, les fidèles se rassemblent dans les oliveraies de la vallée de Crémisan pour y célébrer une messe et prier (voir photo). Ils ont aussi écrit une lettre au Pape à Rome. « Nous continuons de croire en la justice et espérons le meilleur », affirme Mgr Shomali et poursuit « Je supplie les bienfaiteurs de l’Aide à l’Église en détresse de prier avec nous pour que nous obtenions justice. »
Chute du nombre de pèlerins à Bethléem
Quelques kilomètres plus loin, sur la Place de la Mangeoire à Bethléem, devant la Basilique de la Nativité, l’ambiance n’est pas meilleure. Tous les commerçants qui vendent des croix, des crèches et des rosaires dans leurs boutiques autour de la place se plaignent. Au terme d’une année empreinte de violences en Terre sainte, les clients manquent à l’appel. « Nous étions pleins d’espérance lorsque le Pape nous a rendu visite ici en mai. Après, le président israélien Shimon Peres, notre président Mahmoud Abbas et le Pape se sont rencontrés à Rome pour prier pour la paix. Mais qu’est-il advenu ensuite ? C’était encore pire qu’avant », déplore George Azenian, un chrétien orthodoxe arménien. Depuis trois générations, sa famille gère une boutique d’objets de piété près de la Basilique de la Nativité. « Il y a d’abord eu la Guerre de Gaza, puis les violences à Jérusalem: Les gens ont pris peur et ne viennent pas. Par rapport à l’an dernier, nous affichons des pertes immenses. Tous ne sont pas capables de les compenser. Espérons que les affaires marcheront au moins mieux aux alentours des fêtes de Noël. » Dix-neuf familles chrétiennes surtout orthodoxes ont déjà quitté Bethléem au cours des trois derniers mois pour émigrer en Occident. Elles ne perçoivent plus aucun avenir pour elles-mêmes et leurs enfants dans la ville du Roi David et de Jésus-Christ …
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